Les documents sont presque toujours
rédigés et mis en pages par des moyens de publication assistée par ordinateur
(PAO) ; ils comportent de nombreux liens hypertexte et marqueurs de terminologie
(par exemple en vue de la constitution d'un index avec renvoi aux numéros de
pages concernées). Pour que les fonctionnalités associées à ces liens et à ces
marqueurs soient conservées, il est absolument nécessaire d'une part de ne pas
effacer les marqueurs ni les liens, et d'autre part, lorsque ces marqueurs sont
à traduire, ils doivent l'être d'une manière rigoureusement identique tout au
long du document. Ce qui est facile à réaliser pour une seule personne et pour
un document de quelques pages l'est beaucoup moins pour un volumineux document
de plusieurs centaines de pages, surtout s'il est traduit par une équipe. Dans
ce dernier cas, l'utilisation d'un logiciel de TAO est absolument indispensable.
Les marqueurs et liens hypertexte (balises) à traduire ne sont pas nécessairement
visibles sur le document en mode lecture, ils peuvent en revanche constituer
une part non négligeable du volume de texte à traduire. Cela peut parfois
entraîner une sous-estimation du coût de la traduction par le demandeur.
Tableaux et structures de forme
tabulaire
Les tableaux et formes assimilées
très présentes dans les documentations techniques constituent souvent un problème,
non pas à cause de la difficulté de traduction mais à cause de l'organisation
physique du tableau. Il n'est pas rare en effet de rencontrer des tableaux de
structure physique horizontale dont les morceaux de phrases sont séparées
par des signes de tabulation (tab) comme dans l'exemple ci-dessous qui comporte
2 colonnes de texte à lire verticalement :
tab tab |
|
this bad but artful sentence
|
tab tab |
ich hatte von einem
unerwünschten Tabelleneffekt Ihnen gesprochen |
tab tab |
une fois traduit et mis en forme, par exemple de l'anglais (1ère colonne), ou de l'allemand (2ème colonne), ce tableau donnera, en respectant les largeurs initiales des colonnes définies par les tabulations :
tab tab |
cette phrase mauvaise
mais ingénieuse servira de référence |
tab tab |
je vous avais parlé
d'un effet pervers des tableaux |
tab tab |
Malheureusement, si le tableau a une structure horizontale et que l'on y prend pas garde le résultat brut (si on saisit directement en remplacement du texte de départ) sera plutôt de le forme :
tab tab |
|
cette phrase mauvaise mais
avais parlé d'un effet pervers
|
tab tab |
ingénieuse
servira de référence
vous des tableaux |
tab tab |
On voit bien que la première ligne de la traduction
nécessite de saisir des morceaux de phrase entrecoupés de tabulations - aussi
bien en anglais qu'en allemand. Ces morceaux n'ont par ailleurs pas
le même sens que le morceau qui lui correspond au point de vue emplacement
physique d'origine. ("this
bad but artful sentence" est en effet équivalent
à "cette phrase mauvaise
mais" et en allemand c'est encore plus marqué,
le nombre et l'ordre des mots étant foncièrement différent. Il s'agit
d'une véritable gymnastique intellectuelle qui sans être difficile, prend énormément
de temps, et surtout, ne peut être effectuée que par le traducteur, si comme
c'est souvent le cas, les personnes chargées de la mise en pages définitive
sont dans le pays source du texte et ne parlent pas la langue cible de la traduction.
Les effets sur les systèmes de base de données de traduction sont en
outre désatreux car dépourvus de véritable intelligence, ils enregistreront
dans leur mémoire, par exemple en se référant au tableau d'orifgine
et au tableau remis en ordre (le second), que le segment "will
be used as a reference"
se traduit par "ingénieuse
servira de référence". Pour l'allemand c'est
pire car la mémoire de traduction indiquera que "Tabelleneffekt
Ihnen gesprochen" se traduit par "pervers
des tableaux"
L'inversion de l'ordre des mots entre l'anglais ou l'allemand et le français
entraîne fréquemment dans les tableaux à colonnes étroites
des aberrations dans les mémoires de traduction, par exemple, "column
diameter" se traduit par "diamètre de colonne" s'il faut
deux lignes pour l'écrire, on aura "column = diamètre"
et "diameter = de colonne". Ceci explique pourquoi les glossaires
constitués par voie informatique comportent souvent de nombreuses inexactitudes
voire des non-sens.
Les taux de réutilisation des anciens documents
Lorsque l'on part d'un document nouveau, le taux de réutilisation de documents anciens est généralement voisin de zéro (<5%). Ce n'est cependant pas toujours le cas, un exemple typique est constitué par les aides en ligne car elles font souvent appel aux mêmes libellés de menus et/ou de commandes (ex. : Menu Fichier, Copier, Coller, etc.) on peut alors atteindre des taux de réutilisation de 10 à 20 %. En revanche, lorsqu'il s'agit d'une mise à jour d'un document précédemment traduit,
le taux de réutilisation de la partie ancienne du document peut être beaucoup plus élevé. Il n'est pas rare d'atteindre des taux de 80 voire 90 % s'il s'agit de mises à jour mineures.
La question d'une remise sur le tarif tenant compte du taux de réutilisation se pose alors. Plusieurs cas se présentent selon la nature et l'ampleur des modifications.
A moins que le demandeur ne présente un texte ne comportant que les parties nouvelles, et demande un devis de traduction pour ces seules parties, il n'est généralement pas possible de consentir un taux de remise égal au taux de réutilisation car le travail à effectuer dépasse largement la simple traduction des parties nouvelles.
La règle à appliquer pour un travail comprenant la mise en pages
(wygiwyg)
est simple : plus le taux de réutilisation dans un document est faible, plus le taux de remise peut s'en rapprocher, car le travail de mise en pages du document traduit n'en sera que peu ou pas affecté p. ex. : 15 % de réutilisation = 10 à 15% de remise.
En revanche, si le taux de réutilisation est élevé, il est très possible que les ajouts et modifications même en petit nombre aient un effet considérable sur le travail de remise en pages. Ceci est particulièrement vrai si le document a été élaboré avec un logiciel travaillant par page (PageMaker, QuarkXpress, InDesign), cela l'est moins avec des logiciels fonctionnant en flux de données (Framemaker, Word) à condition que les illustrations soient ancrées par rapport au texte, p. ex. : 80 % de taux de réutilisation = seulement 40 à 60 % de taux de remise.
Si le travail ne comprend pas la mise en pages, le taux de remise peut être égal au taux de réutilisation, avec cependant une réserve : l'interprétation correcte de phrases éparses dans un texte, ou des modifications partielles peuvent sérieusement compliquer le travail du traducteur en l'obligeant à lire et approfondir le reste du texte et justifier ainsi un taux de remise plus faible.
Si le demandeur, grâce à un logiciel de comparaison de textes a
pu établir le nombre de mots nouveaux dans un texte remanié, et souhaite
payer la traduction exclusivement sur la base de ce décompte, compte tenu de
la démarche de traduction plus complexe, il est raisonable de compter les mots
à un tarif majoré de 50 % par rapport au tarif standard pour une modification
de faible ampleur <25%. Cette approche tient compte autant du fait que le
travail du traducteur est plus complexe que du fait que les phrases à retraduire
comportent aussi des mots qui ne sont pas nouveaux qui même pour de simples substitutions
de termes doivent être modifiés en raison de règles de grammaire comme par exemple
un changement de genre entraînant des changements d'accord.
Il arrive fréquemment que le demandeur souhaite obtenir un glossaire des termes utilisés. A cela il peut y avoir plusieurs raisons :
Assurer l'homogénéité des traductions au sein d'une équipe, d'une série de documents, ou d'une entreprise (termes propriétaires, spécificités terminologiques d'un métier, etc).
Etablir une base de données pour mettre en oeuvre ensuite une traduction automatique.
Fabriquer un glossaire des termes utilisés (avec leur traduction éventuelle) en fin d'ouvrage.
Il est d'usage courant de fournir les glossaires simples (c'est à dire sous forme de couples bilingues de mots ou d'expressions) gratuitement.
Il faut cependant bien comprendre que de tels glossaires seront la source inévitable d'erreurs s'ils sont mis en oeuvre par des personnes ne maîtrisant pas parfaitement les aspects techniques des documents faisant l'objet de la traduction (et encore plus pour la traduction automatique), si chaque terme n'est pas explicité et remis dans son contexte d'emploi.
Voici un exemple certes trivial mais dont la valeur démonstrative est efficace : la commande "Load" anglaise se traduit généralement par "Charger", c'est le sens habituel en français — on ne mettra donc pas ce couple de termes dans le glossaire — mais en informatique, à propos d'un fichier, la commande "Load" est souvent synonyme de "Open" et se traduit alors par "Ouvrir" (terme préféré par les informaticiens) car dans le contexte il s'agit d'une ouverture de fichier — on mettra alors ce terme dans le glossaire — et une erreur du type "Load the tape cartridge" traduit par "Ouvrir la cassette" risque de se produire.
Pour être utilisable sans erreurs, un glossaire doit comporter au moins trois entrées : l'original, la traduction et le contexte d'utilisation, un quatrième champ présentant des exemples est le bienvenu. L'élaboration d'un tel glossaire ne saurait en revanche être gratuite. Par ailleurs il présente au même titre que la mémoire de traduction une valeur commerciale certaine.
Il est à noter que la meilleure manière d'obtenir un glossaire pour le demandeur de la traducution est d'insérer dans le document, aux endroits voulus des signets ou des liens hypertextes qui permettront d'élaborer le glossaire automatiquement par une fonction interne au logiciel de TTX/PAO de la même manière qu'une table des matières.
Les logiciels tels que Word, Pagemaker, QuarkXPress, etc. sont disponibles en versions PC et MacIntosh compatibles entre elles. En théorie, cela permet d'élaborer un document sous MacIntosh (préféré
en général en PAO) et de le traduire ensuite sur PC (préféré chez les traducteurs), dans un environnement mettant en œuvre une mémoire de traduction après conversion du fichier en format PC, importation des textes dans l'environnement de traduction ; ensuite on réexporte dans la plateforme PAO d'origine sous PC puis finalement on reconvertit en format MacIntosh.
Ce processus en apparence relativement complexe ne présente pas de difficulté importante malgré certaines limitations à cause d'incompatibilités interplateformes (p. ex. Pagemaker PC version 6.5 peut ouvrir des fichiers Pagemaker 6.0 pour PC mais ne peut pas ouvrir des fichiers Pagemaker 6.0 pour MacIntosh).
La plus grosse difficulté est en fait inattendue :
elle provient des différences entre les polices utilisées sur Mac et sur PC, voire de l'absence de correspondance entre polices (une police disponible sur Mac ne l'est pas nécessairement sur PC et vice versa). Dans ce dernier cas, la remise en pages exécutée sur PC (afin de produire un document de contrôle de la traduction) ne peut être qu'approximative et devra obligatoirement être revue sur MacIntosh.
Si vous souhaitez que nous traduisions des documents élaborés sur MacIntosh, en conservant l'avantage
"wygiwyg"
, vous devez vous assurer que toutes les polices utilisées sur Mac existent ou possèdent un strict équivalent sur PC.